Nuit noire.

La « volonté de puissance» est une volonté qui se raffine. Elle s’intensifie, se purifie. Il fallait être bien naïf pour croire que, par là, elle ne s’anéantissait pas.

La volonté ne peut que finir par ne plus se vouloir. NIetzsche, un insomniaque, aurait dû avoir l’intuition du fait que vouloir en permanence n’est pas une posture tenable. Il faut croire que sa folie le préservait de la fatigue.

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Selon Poe, l’opinion publique pure est dans le vrai. Mais comment savoir qu’elle est pure sinon en… L’influençant?…

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L’ennui remplace le rire, peut-être, mais certainement pas le sommeil.

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« Il est entre la vie et la mort ». Mais n’en sommes-nous pas tous là?…

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Impression que mon cerveau est en train de se désagréger.

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Si j’avais suivi ma pente, j’aurais fini prof. Ma pente, oui, le mot est juste, du moins pour qui sait qu’il déchoit…

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Je suis un nerveux, un hypersensible, un imaginatif. C’est pourquoi je fus précocement touché par la Mélancholie. Il s’agit d’un désespoir sourd, non pas violent, qui sape en vous-même toute joie de vivre. Enfant, déjà, j’avais des moments que l’on peut qualifier de véritable prostration.

Mais la vraie melancholie, la mélancholie clinique, c’est la perte radicale de toutes les illusions, de tout ce qui met le monde à distance.

Je veux dire par là qu’elle affecte même l’intelligence, qu’elle affecte le corps et l’esprit. Un jour, on se couche, et l’on ne se relève qu’un an plus tard.. cet état de désespoir complet est un poids, oui, un poids sur la conscience. Ce qui est véritablement insupportable.

Je ne parle pas ici de la mélancholie passagère ou une quelconque posture par rapport à la vie, autrement dit une attitude, mais de cette effroyable maladie qui gagne tout, qui ne laisse derrière elle qu’un corps vide et inutile.

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Sourire, oui, – puis sombrer dans l’abîme de la folie.

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Non seulement je ne suis pas philosophe, mais j’en veux à la philo.

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Je me souviens de ces moments d’extrême extase durant lesquels je parcourrais les rues en enchaînant les Clopes, je me souviens de ces moments, aussi durant lesquels je n’étais plus capable de la moindre rêverie.

Mais suis-je… Sauvé?

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Style. Mon style n’est pas élégant, non, et il manque de goût. Il est d’abord barbare. Et’ j’aurai beau m’en défendre, il est – lyrique…

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Je voudrais dissiper ce mal qui m’enveloppe, ce carcan de tristesse et d’effroi qui me taraude. J’ai passé ma vie à fuir la peur au lieu de l’affronter.

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Les yeux ouverts depuis hier. Le jour ne se lève pas.

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Ces petites heures du jour où la vie se retire, ces matins atroces qu’il faut affronter après une nuit sans sommeil.

L’insomnie est une suspension entre deux vides, elle est une tension entre une extase froide et un désespoir obscur. Entendez par là que l’on apprend beaucoup au cours des nuits blanches, dans la mesure où l’on se confronte à l’horreur, au gouffre de la lucidité.

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Tercian

On sent son action, tout d’abord, dans la tête, laquelle devient de plus en plus pesante. Un léger retrait par rapport au réel. Tout semble aller de soi. Angoisse inimaginable. Puis c’est la lourdeur des membres. Les nerfs se relâchent. On glisse dans une hébétude bienfaisante, succédané du sommeil.

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Je ressors brisé des hauteurs que j’ai tutoyé cette nuit.

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N’ayant dormi qu’une heure et demie, sensation (justifiée? ) de fin du monde.

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Au réveil, ouvrir les yeux… Cela, déjà, est de trop.

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Libéraux des années quatre-vingt ou libertins des ânes aux quatre veaux?

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